Il arrive très souvent dans notre vie que nous déconnections notre cerveau de notre corps. Autrement dit, il s’agit d’un moment dans notre vie où le cerveau passe en pilote unique et fait en sorte d’oublier les ressentis du corps afin de pouvoir continuer à avancer et pouvoir surmonter les épreuves en cours.
Lorsque cette déconnexion dure un temps limité, elle entraîne une fatigue du corps que l’on ressentira dès que la reconnexion sera faite. Lorsque cette déconnexion dure dans le temps, alors c’est le corps qui finit par se rappeler à nous, et ce de bien des manières. Maladie auto-immune. Maladie chronique. Syndrome fibromyalgique. Burn out.
Mais le corps et le cerveau étant particulièrement bien faits, lorsque nous reconnectons les deux, même après une longue période de déconnexion, le corps peut enfin d’exprimer, et ce, au bénéfice du cerveau. Lorsque le corps peut se remettre à parler, il en a des choses à dire, à notre cerveau. Il envoie des signaux de douleurs. Il envoie des signaux de fatigue. De faim. De soif. D’envies. De déplaisir. D’accoutumance aussi.
Un moment qui s’avérer particulièrement désagréable, j’en conviens. Pourtant. Dès lors que la connexion corps/cerveau se fait, de multiples bénéfices apparaissent. Au-delà de la douleur, nous pouvons apprendre à reconnaître les signes de détresse. En prenant le temps d’en connaitre leur origine, nous pouvons agir dessus.
Voyez-vous où je veux en venir ?
Non ?
Chers dirigeants, aujourd’hui encore, en France, 41% des collaborateurs ne se sentent pas écouter. Pour 40% des démissionnaires, cette non-écoute est la cause directe de leur départ, car pour 61% des collaborateurs, le bonheur au travail passe avant le salaire.
Vous voyez maintenant où je veux en venir ?
L’entreprise est un organisme vivant, composé d’un cerveau et d’un corps
Chers dirigeants. Votre Codir et vous êtes le cerveau de votre entreprise. L’ensemble du reste de vos collaborateurs, de celui ou celle qui est le plus en bas de l’échelle à celui ou celle qui se rapproche le plus de vous, représentent le corps de votre entreprise.
Si le cerveau dicte et que le corps exécute, il le fera dans la limite de ces capacités et de sa compréhension de la situation, envoyant ainsi que des signaux positifs ou négatifs. Le cerveau, pour être parfaitement clairvoyant doit savoir se nourrir de ses informations. Comprendre le positif pour savoir le reproduire et satisfaire les besoins du corps. Comprendre le négatif afin d’arrêter l’action entraînant ce mal être ou tout au moins, modifier l’action pour retrouver des signaux positifs.
En cas de non-écoute du cerveau sur le corps, le corps d’abord se tait. Mais tôt ou tard, il se met à parler, avec bien plus de virulence qu’il avait été préalablement écouté.
Si d’un point de vue médical, on parle alors de douleurs vives, de maladies (avec son lot potentiel de gravité), ou encore de risques cardio-vasculaires, d’un point de vue entrepreneurial, on parlera désengagement, baisse de la performance, retards et erreurs auprès des clients, conflits interpersonnels au sein des équipes, grèves, micro-absentéisme prononcé, turnover fort et répété, dialogue social corsé, frein à l’innovation... Et j’en passe. Le tout au détriment de votre réputation tant en qualité d’employeur que de partenaire commercial.
Pourquoi ? Tout simplement parce que le corps n’aime pas se sentir inécouté et qu’il finit toujours par se rappeler à nous, sous toutes les formes qu’il jugera nécessaire. Si au niveau individuel, nous tombons souvent malade, il en est de même pour votre entreprise. Elle tombe malade.
Le faire ensemble, une force insoupçonnée
Malade. Dès lors, sans refaire de liste à la Prévert, votre réputation est entachée, doublée de la baisse des performances. L’ensemble a un coût. En France, selon une étude réalisée par l'institut Mozart consulting en 2023, le désengagement des collaborateurs engendré coûte chaque année environ 10 070€ par collaborateurs.
Je vous laisse faire le calcul de votre propre perte.
Mais dès lors, comment reconnecter le corps et le cerveau tout en minimisant les dommages directs, collatéraux et indirects ?
On parlera donc de faire ensemble. Mais avant de faire ensemble, il faut écouter et comprendre.
Pour se faire, d’un point de vue individuel, on parlera de Body Scan pour identifier chaque partie de son corps et l’écouter, ce que je ne peux vous conseiller. On parlera aussi de douche froide, que je ne saurai vous conseiller que dans des cas extrêmes.
Un Body Scan, c’est une technique de reconnexion qui prend une dizaine de minutes par jour. On commence par respirer et observer notre respiration sans jugement. Puis, toujours sans jugement, on vient observer chaque partie de notre corps. Du petit orteil jusqu’au bout du nez, en passant par des membres plus importants comme les articulations, les intestins, le cœur, les poumons, les yeux, la tête.
Faire un Body Scan de votre entreprise n’est pas plus compliqué. Encore faut-il pre
ndre ces quelques minutes par jour pour écouter et plusieurs autres minutes pour comprendre. Et recommencer chaque jour. Petit à petit, cette écoute deviendra naturelle, et vous n’aurez plus besoin d’y penser pour le faire. Vous le ferez, c’est tout.
Si vous êtes une petite entreprise, aller sur le terrain tout en maximisant le potentiel de vos réunions comme nous l’évoquions dans notre article “La réunionite aigüe, un fléau managérial”, écouter et comprendre ne sera pas difficile. Peut-être même le faîtes-vous déjà.
Néanmoins, plus l’entreprise grandit, plus il devient difficile pour le cerveau d’être à l’écoute de son corps. Comme pour nous, au niveau individuel. Prenez un nourrisson. Il sait très précisément de quoi son corps a besoin et vous le signale immédiatement. Plus il grandit, plus il cherchera les ressources en lui pour répondre à ses besoins, pour progressivement, apprendre à faire sans. Jusqu’au jour où, devenu adolescent, adulte, il n’en puisse plus et se mette à exiger. Dès lors, écouté, il apprendra à mesurer ses demandes et le tempérament apporté à sa demande.
Votre entreprise fonctionne pareil. Plus vous êtes coincé dans votre tour d’ivoire directionnel, dans votre cerveau, plus le corps réagira fortement quand il parlera. Et croyez-moi. Il finit toujours par parler.
Ecouter son corps, c’est analyser toutes les données qu’il nous envoie. Ces données, vous les trouvez dans l’ensemble des entretiens professionnels et annuels. Dans votre taux de turn over. Dans votre taux de micro-absentéisme. Dans les questions remontées par votre CSE.
Mais vous pouvez aussi aller les chercher plus loin. En analysant les remontées managériales. En interrogeant toute personne démissionnaire sur les causes de sa démission. En favorisant la libre expression et la force de proposition. Il y a tant à faire, par des moyens très simples, de comprendre le corps pour avancer avec lui, et non indépendamment de lui.
Tous ces indicateurs, ce sont vos managers qui les feront remonter à votre DRH, qui lui (ou elle ) même vous les feront remonter. Votre DRH est le tout premier co-pilote de votre entreprise. Rappelez-vous, nous en parlons dans cet article “Co-piloter une entreprise : Le secret des DRH”.
A vous de savoir ce que vous voulez en faire. A vous de prendre les décisions qui s’imposent tant sur le plan de la qualité de vie au travail, de l’engagement, de votre marque employeur et commercial. A vous également de vous protéger des potentielles dérives.
Car, faire ensemble, oui ! Mais pas à n’importe quel prix !
Se protéger soi-même de certaines parties de son corps
Au-delà de toute connexion ou déconnexion, le corps a aussi ses propres particularités. Des sensibilités à certains endroits. Aussi, si naturellement, vous avez une cheville foulée, courir le marathon de Paris sera faisable, mais après une bonne mise à niveau de ladite cheville et un strap pour contenir votre cheville.
Pour vos collaborateurs, il en est de même. Le strap, c’est votre règlement intérieur. La remise à niveau, c’est l’entretien informel, puis formel, puis la sanction pouvant aller jusqu’au licenciement qui s’opère. C’est certainement la partie la moins confortable qui se jouera dans l’écoute.
Car, si préalablement, cela vous a ouvert une nouvelle vie entrepreneuriale, faite de confiance, de réengagement, d’amélioration de votre climat social, de minimisation d’erreurs et de retards, de retour de la croissance, d’image médiatique améliorée, il n’en demeure pas moins qu’écouter, c’est aussi savoir repérer ce petit filou qui peut, à tout instant, nuire à la qualité retrouvée de votre entreprise.
Je reste persuadée que chaque personne a des compétences et un bon fond. Mais que tout le monde ne peut pas
l’exprimer dans chaque environnement. En effet, dès l’instant qu’une personne ne reconnait pas ou plus sa vision, sa volonté et ses valeurs, elle perd toute capacité à exprimer son potentiel et ne laisse souvent place qu’à la désinvolture, exprimée sous toute ses formes. Celui ou celle qui poursuivra consciencieusement son travail n’est pas un problème. Il le deviendra peut-être le jour où elle ou lui se rendra compte que sa place n’est pas ici. C’est que nous appellerons un départ naturel. Mais il y a aussi celles et ceux qui estiment que tout doit venir de l’employeur. Et qui trouvera mille et un motif pour se plaindre ou mal faire. Ce n’est pas grave. Cette personne n’est juste pas à sa place. Et il sera de votre devoir de lui en faire prendre conscience, tout en l’accompagnant vers un rebondissement professionnel, interne ou externe.
Maintenant, quid de celui ou celle qui, sciemment, se sert de cette connexion cerveau et corps pour endommager l’ensemble du corps et nuire à vos efforts ? Bien que cela ne soit pas plaisant, il faut savoir agir. Avec bienveillance et fermeté. Comme on le fait pour des séances de rééducation pour sa cheville.
La plupart du temps, malgré des périodes peut être difficile, cela suffira. Et parfois, à la marge, il vous faudra vous séparer de ce membre, ou accepter de ne pas courir le marathon de Paris. Le choix vous revient. Mais, peu importe le choix que vous ferez, ne restez pas sans rien faire. Sans quoi, on parlera de gangrène, et là encore, la connexion cerveau et corps se perdra.
Mais rassurez-vous. Si l’expression nouvelle du corps laisse régulièrement place à une tempête immédiate, elle est surtout suivie d’un très long temps d’accalmie où au sein duquel chaque membre se met à comprendre son utilité dans le système, se met à accepter sa valeur ajoutée, et retrouve sa motivation. Pour le plus grand bonheur de votre croissance sociale et économique.
En résumé, je ne dirai qu’une chose. Pour donner à votre entreprise sa place de partenaire commercial et d’employeur de premier choix, prenez le temps d’écouter et de comprendre vos collaborateurs.
Reconnectez le cerveau et le corps.
Managérialement vôtre.
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